À l’époque où l’humain tenait encore dans ses mains une lance et une fleur, la nature murmurait des rumeurs folles de mammouths arrivant à toute allure que seuls deux yeux posés sur un faciès décomposé pouvaient capturer.
Le grandiose des robes brunes mouvantes, l’extraordinaire des filets de bave lâchés au galop, le sombre d’un petit qui ne courrait pas assez vite, l’animalité pure dans tous ces muscles parcourant des kilomètres chaque jour.
Lui là, ce mâle poilu qui s’exprimait en onomatopées, se serait alors pressé de rejoindre son clan et d’expliquer à toute sa clique ce qu’il venait de voir, l’intensité de cette rencontre hors du commun.
L’homme s’était retrouvé face à une foule sauvage, un moment unique, sur lequel il avait du mal à revenir sans en ressentir encore et encore l’excitation.
Il voulait partager un feuillet de vie, une tranche visuelle posée sur une autre, comme un millefeuille moelleux et croquant, où chaque étage se donne à l’envi à son entourage.
Toutes ces rencontres sont devenues des contes partagés autour d’un feu, qui prenaient leur source dans un moment similaire vécu par d’autres hommes à la toison dense.
Frappant le sol du bâton, ouvrant les bras dans un accès théâtral , dessinant sur les parois des récits fantasques qui s’étaient passés mais n’avaient plus de témoins.
Ni de trace.
Bien plus tard, un homme en eu assez de bavasser sur ce qu’il vivait, et décidait de couper le temps sur un instant.
Un maître samouraï capable de défier l’élémentaire en posant sur une table une boîte capable de capturer le quotidien dans son entièreté et le transcrire sur un support.
Il le disait haut et fort : « je vous garantis l’inimaginable, de connaître l’émerveillement continu d’un souvenir coincé sur un bout de papier !».
Fascinés, à l’affût de la moindre sorcellerie, mais forcés d’admettre que cette invention était alors fantastique, le peuple admit l’invention, et la photo naquit naturellement (et avec un peu de technique) grâce au daguerréotype.
La tête de la tante D., les petits enfants calés sous ses bras, les mariés, les parents, on entassait les familles dans des carnets et des albums austères, pour ne pas oublier l’être cher en partant pour une voyage de quelques semaines sur un bateau.
150 ans plus tard, la vie était encore un peu plus découpée par de petits rectangles, cette fois plus ergonomiques, capables d’emprisonner une vingtaine de clichés, des premiers pas de l’ainé, au couscous en famille, en passant par le chat de la voisine dont il manquait un sacré bout d’oreille.
Et d’évoluer vers le tout jetable des années 90, et le plus virtuel et compressé des années 2000.
Pour probablement ne plus jamais s’arrêter.
L’art de la photographie a beaucoup en commun avec le kiwi.
Repensez à l’instant où la langue touche la tranche du fruit pour la première fois, se sentant déroutée, secouée, indécise, heureuse même.
Donnez un bout de ce fruit à un enfant qui apprend les goûts du monde, regardez son air, regardez cette surprise qui pétille en grimaces et exclamations.
Une joie mêlée à l’étonnement résident dans ce bout acide, prenant la place d’un feu d’artifice qui ne durera qu’une seconde.
C’est cet instant précis qu’il faut traduire en cliché: le moment de rencontre entre la bouche et le kiwi.
Pour faire naître des vocations, pour continuer à partager sur le monde et les événements, pour garder l’enthousiasme d’un homme des cavernes qui vient de voir la foudre s’abattre sur un arbre.
Ce 19 août 2024 marque la célébration de la journée internationale de la photo.
A 18h39, heure reprenant la date de reconnaissance de l’invention du premier système de prise de vue, ce sera à vous jouer.
De sortir le filet de son placard pour courir après les papillons qui ne dureront qu’un jour.
Et si pour la solennité d’une remise de prix ou un barbecue annuel entre collègues, vous souhaitez que The Photo Agency soit aux premières loges, non pas « pour ne rater aucun moment », mais « pour capturer ceux qui ne doivent surtout pas être oubliés », nous seront présents.
Nous vous souhaitons à toutes et tous une très belle fête du kiwi,
Restez surpris.
ML